Chronologie
Point de départ
Le point de départ d'un dessin est divers. Ce peut être une simple idée (mettre en valeur une architecture particulière) : un ensemble de petits formats constituent le résultat de ce principe de base (voir la galerie des petits formats).
Le format peut être aussi prétexte à une ville. Une vue panoramique impose une topographie de la ville toute en longueur. J'ai aussi imaginé une ville sur le principe de circularité.
Le point de départ peut aussi être d'ordre géologique (une butte, une rivière peuvent être les moteurs d'une création).
C'est parfois aussi un concept géographique (une ville « plutôt » espagnole).
Le dessin peut naître aussi d'une orientation technique : imaginer l'intersection et le lien entre un quartier ancien aux rues tortueuses et un quartier plus récent avec des avenues rectilignes. La difficulté étant alors de relier les deux. Matérialiser comment l'urbanisme diverge au fur et à mesure que l'on s'éloigne d'un centre ancien constitue un autre point de départ possible.
Le prétexte peut être comptable (créer et disposer le plus de ponts possibles) ou un pari utopiste (faire traverser une ville par un canal sur aqueduc qui dessert les fontaines ou les jardins particuliers).
Ce peut être un effet de style (une ville aux architectures uniquement Classique ou Baroque).
Enfin, quelque soit le point de départ, il arrive fréquemment que l'idée d'origine soit noyée au fur et à mesure de l'avancée du dessin, une idée de verticalité se transforme en un format horizontal, une gare se retrouve sous dimensionnée au fur et à mesure que le dessin s'étale et oblige à imaginer un nouvel équipement plus adapté aux besoins.
Premiers tracés
Les brouillons sont très succincts, voire inexistants. Je dessine à même la feuille de papier.
Le format est rarement défini à ce stade du dessin ; toutes les options restent ouvertes sauf cas de contraintes de format. Je travaille la plupart du temps à partir de papier au format standard raisin (65 x 50cm). Longtemps mes dessins ont gardé ces dimensions. Généralement, la feuille est posée dans le sens horizontal pour des raisons purement pratiques.
En fonction de l'idée de départ, je trace de grandes lignes directrices, définis des espaces dédiés à une architecture, une place... Les rues principales, les fleuves sont déterminés dès le départ.
Les premiers tracés sont au crayon, ou plutôt aujourd'hui au porte mine à la pointe plus sèche et fine. Le crayonné est léger, mais peut se densifier au fur et à mesure que se précisent des détails. D'essais en retouches, de gommages en nouvelles idées, la structure prend forme, la logique apparaît, l'histoire se modèle. C'est l'un des moments privilégiés de la création d'une ville imaginaire, là où le sens est donné, les centres d'intérêts définis, même s'ils sont par la suite décalés par le développement de la ville et du dessin.
Dessin au crayon
A partir des tracés des grandes lignes, les rues secondaires sont mises en place. Les îlots apparaissent et les traces des maisons qui les composent sont aussi dessinées au sol. En général, je commence par le bas de la page pour des questions de perspective. En effet, les premiers plans cachent les seconds ; il faut donc les prévoir en amont. Cette règle n'est toutefois pas totalement respectée. Le dessin peut être travaillé en bas de page, commencer puis se préciser à un autre endroit en fonction des divagations de l'imaginaire, et des centres d'intérêts. Sur la lancée, les maisons sont élevées, les hauteurs des toits définies. Le crayonné devient de plus en plus complexe, laissant apparaître les arrêtes cachées des maisons, les pentes des toits. Il devient nécessaire au bout d'un moment de gommer un certains nombre de traits qui ne seront pas vus pour comprendre la profusion de lignes et lire aux travers la perspective.
Les architectures particulières sont crayonnées aussi directement sur la feuille. Il peut y avoir plusieurs essais crayonnés successifs en place sur la feuille. Il n'y a pas de brouillons ou d'essais sur une page annexe. A force de revenir sur une même ligne pour la rendre plus juste et définitive, le trait au crayon se fait plus appuyé et plus noir. La ville « monte » ainsi en accentuant le gris du graphite de la mine. Il est nécessaire d'aménager des temps de pause pour prendre du recul et regarder le travail proposé avec un regard neuf.
Dessin à l'encre
Il n'est pas nécessaire que tous les crayonnés soient terminés pour commencer à encrer le dessin. Le crayonné et la mise en encre définitive se font simultanément. La ville avance petit à petit, îlot par ilôt, un crayonné laissant place aux traits du rotring qui le recouvre.
L'encrage est une opération délicate parce que définitive. Je n'ai pas droit à l'erreur, je ne peux plus revenir en arrière. Les loupés sont rares. Il est rare aussi que je regrette une architecture ou un élément particulier.
Enfin, une fois la page recouverte, ou les limites du format atteintes la ville est terminée. Rares sont les dessins qui n'ont pas de limites, c'est à dire qui ne se terminent pas nettement au bord du format sans que le dessin s'estompe, comme s'il était un morceau d'un ensemble qui se continuerait au-delà de la page.
Sur les derniers dessins, j'ai pris le parti d'enrichir les traits réguliers du rotring de graphismes, de grisés à l'encre, de presque noir. Cette étape n'est pas obligatoire.
La touche finale consiste à signer et dater le dessin. La date est celle de fin du dessin d'une page, même si sa création s'est étalée sur plusieurs mois. La signature s'intègre en général en suivant une ligne du dessin en bas de page. Elle se perd dans les graphismes et devient elle même trait. La retrouver fait aussi parti d'un jeu.
Une ville composée de plusieurs pages accolées comporte plusieurs signatures.