Un regard particulier
L'intérêt que je nourris pour les villes me conduit à adopter un regard particulier sur l'existant. C'est une source d'inspiration illimitée. Le regard que je porte sur les villes est très précis et très divers. En effet, il n'est pas nécessaire que je connaisse réellement une ville pour éveiller ma curiosité. La découverte d'une cité peut se faire à travers l'étude d'un simple plan, le parcours d'un livre, l'observation d'une image ou un voyage.
Plan
Le plan d'une ville est une mine de renseignements. On peut y découvrir la structure globale, les voies pénétrantes, les principaux axes de communication, les cours d'eau ou rivages, les espaces verts. En se rapprochant un peu, on reconnaît facilement les entrelacs des rues des centres anciens. Souvent, les plans signalent également les principaux monuments ; ce sont de précieuses indications qui laissent deviner la richesse du patrimoine urbain et imaginer les quartiers animés et aussi ceux peut-être plus en retrait.
L'intérêt d'un plan, c'est qu'il indique sans tout dire. Il donne des pistes, des orientations et laisse un vaste espace à l'imaginaire. Ce qu'un plan ne peut dire, on peut jouer à l'imaginer ou le deviner.
Mes dessins démarrent toujours par un plan.
Gravures et photos
De bibliothèques en librairies, de musées en expositions, je suis curieux des images de la ville. Vues globales, vues d'architecture, livres d'arts, livres techniques, je parcours ces univers inconnus. Je n'en prends en général que la partie iconographique. Je vois les images, je les range sans doute quelque part dans mon esprit et les ressort parfois dans mes créations comme une inspiration lointaine.
Ces lectures sont aussi des sources de compréhension. Je peux détailler une architecture, parfois déduire sa construction, la séparer de son environnement. Les détails techniques sont puisés dans un livre sur la construction des ponts au XVIIIe, ou dans un essai sur l'architecture des stades dans les années 30.
Voyages
Dans mes voyages, les visites de villes sont des moments privilégiés. Ils sont multiples, tous enrichissants, enthousiasmants.
Cela peut commencer par une approche aérienne. J'aime bien commencer la visite de la ville à partir du début, c'est à dire depuis la campagne extérieure jusqu'en son sein, étape par étape, en traversant périphériques et autres boulevards posés tels les cercles concentriques d'une cible jusqu'à en atteindre le centre. Les zones industrielles ouvrent sur les banlieues. Suivent ensuite les quartiers périphériques. Le tissu urbain devient plus étroit, plus dense. Les bâtiments se font plus anciens, les rues de droites et larges deviennent étroites et tortueuses. Parfois des percées cassent le rythme, des places aèrent l'espace.
Découvrir une ville c'est comme un jeu. Trouver les perspectives, comprendre les logiques, reconstituer l'histoire. Le regard à l'affût du moindre détail, une tour qui dépasse, un clocher, l'ouverture sur un fleuve, la ville n'est que surprise. On peut aussi y lire les plaies du temps ou les tendances d'une époque. On peut comprendre son économie, ses richesses, ses périodes fastes ou de crise.
Certaines villes sont prévisibles. Ainsi le long d'une promenade sont disposés ici un théâtre, là un palais de justice, là encore un bureau de poste, chaque bâtiment avec ses caractéristiques architecturales qui rappellent la période de leur construction. La ville est une devinette.
Les visites ont leurs limites. La rue et les façades des maisons sont des espaces publics, elles cachent l'intimité des cours, laissent entrevoir un bout de verdure. Ces espaces souvent privés sont aussi très riches. Patios, jardins, passages, cloîtres, ils redécoupent les îlots de maisons en une complexité difficile à percevoir de l'extérieur. Comme les plans, ils laissent un espace pour l'imagination.