Détails, explications

Ni travail sur l'histoire, ni étude sur l'architecture, ni même réflexion sur l'urbanisme ou les techniques de construction, mes dessins s'inscrivent dans une démarche graphique et artistique autour de l'imaginaire urbain. Elle est, en cela, dans la continuité des utopistes de tous temps qui, chacun à leur manière ont proposé des formes de villes souvent inconnues. Je m'appuie sur l'ensemble des domaines liés à la ville pour inventer ou réfléchir ces villes imaginaires, sans pour autant que le résultat soit « irréaliste ».

Ressemblances
Le plus frappant dans mes dessins, c'est qu'ils ressemblent vraiment à des villes existantes ; cette ressemblance n'est qu'apparence puisque rien n'est copié. Pas une architecture, pas un pont, pas une organisation urbaine n'est reproduite (du moins jusqu'à ce jour ; voir aussi les orientations des projets à venir). Le fait que je puise mon inspiration dans l'existant donne un semblant de réel aux villes imaginaires.
Ne pas copier cet existant constitue aussi une source de questionnements sur la conception urbaine, sur le rôle de certaines architectures et leurs problématiques. Malgré la curiosité, mes connaissances sont loin de couvrir tous les domaines et je suis forcement amené à inventer à mon tour des solutions. Par exemple, je ne sais pas à quoi est censé ressembler une fac. Du coup, j'ai inventé ce qui me paraissait pouvoir répondre aux exigences d'une université à une époque où l'on construisait des universités. Ces inventions correspondent parfois à une réalité, elles sont parfois complétement utopistes.

Imperfections
Le but n'est pas non plus de rendre la ville « parfaite » ou « idéale ». Je regarde les villes telles qu'elles sont. J'observe leurs imperfections et leurs ratés et sans pudeur ni censure, je les réinvente dans mes dessins. Ainsi, des barres d'immeubles côtoient des réseaux autoroutiers complexes ou encore tel monument ancien fait front à une architecture contemporaine pas toujours bienvenue évoquant ainsi les politiques ou tendances qui évoluent. Les quartiers neufs des année 70 sont aujourd'hui critiqués, les effets architecturaux des années 80 paraissent ringards, etc. Il n'en reste pas moins que toutes ces strates de la construction de nos villes apparaissent dans la pluspart d'entre-elles et donc aussi dans mes créations.

Jeu, invitation à une promenade
En fait ma démarche est un jeu. Je joue où je réinvente des histoires, des plans, des architectures anciennes et contemporaines. J'associe les unes avec les autres, je relie les ensembles ou les divise à coups d'avenues, de rivières. J'invente des fonctions aux bâtiments. Je crée des centres dynamiques, des quartiers paisibles. Là une école, ici un jardin, mes villes imaginaires sont un point de départ, une base pour que chacun puisse inventer l'histoire qu'elles lui inspirent. Il appartient à chaque « visiteur » ou spectateur de s'approprier cette structure urbaine neutre et de l'imaginer à son tour réelle. Souvent les enfants sont à l'aise dans mes villes. Ils pénètrent à l'intérieur et y posent leurs repères. Comme un jeu, ils choisissent leur maison et laissent leur imaginaire déambuler au gré de leurs envies.